La visite des anciennes cités princières de Vladimir et Souzdal, joyaux de l’Anneau d’Or, permet de remonter le temps et de se plonger dans l’atmosphère de la Russie médiévale. Pour s’y rendre, on emprunte un tronçon de l’actuelle autoroute fédérale M7, d’environ 150 km de long, connu sous les surnoms de " Vladimirka " ou de Route du bagne. Artel Troïka Magazine vous propose de découvrir l’histoire tourmentée de cette voie au passé sinistre, autrefois empruntée par les exilés, les pèlerins et les dissidents.
Rebaptisée Route de la Volga à l’époque soviétique, la Vladimirka conduisait les milliers de criminels et révolutionnaires condamnés à l’exil vers les bagnes de Sibérie. Elle était la première étape d’un itinéraire long de 5 000 kilomètres, contournant le lac Baïkal pour finalement rejoindre les mines d’argent de la ville de Nertchinsk. Fers aux pieds, dans le froid et la boue, les prisonniers mettaient au moins une année à parvenir à destination, et beaucoup mouraient en route.
Le long de la Vladimirka, les exilés faisaient escale dans des " prisons de transit ", pourvues de banyas (ces bains de vapeur collectifs typiquement russes) et d’infirmeries de fortune. S’il ne reste rien de ces bâtiments, on trouve ça et là, dans les villes qui la bordent, des pavés datant de l’ancienne route.
Au fil des siècles, de nombreux villages et villes se sont en effet construits le long de la Vladimirka, dont on aperçoit, depuis la route, les églises aux coupoles scintillantes, les anciens domaines aristocratiques et les isbas aux chambranles finement ciselés.